Le Cloisonné Chinois - Art de Chine
"L'or ne donnerait pas de dessins si complexes ni si merveilleux, aucun joyau ne brillerait de couleurs si variées ni si éclatantes" L'artisan donne d'abord une forme désirée à une plaque de cuivre rouge pour former le fond.
Le cloisonné chinois - Art de Chine
Le cloisonné est une technique qui permet de fabriquer des vases, des bijoux et d’autres objets dotés d’une décoration en émail. Les objets fabriqués grâce à cette technique sont également nommés « cloisonné ». Le cloisonné chinois est célèbre à travers le monde pour la richesse de ses décors et sa technique de fabrication particulière et ancestrale. En effet, le cloisonné chinois se distingue du cloisonné japonais qui privilégie l’émail au détriment de la richesse du décor.
Un art ancestral en Chine
« L’or ne donnerait pas de dessins si complexes ni si merveilleux, aucun joyau ne brillerait de couleurs si variées ni si éclatantes. » Cette citation d’un maître de l’art s’extasiant devant un cloisonné d’une grande finesse à Pékin résume parfaitement ce que l’on ressent en admirant un cloisonné chinois. En effet, le cloisonné est l’une des techniques les plus raffinées de Chine. La fabrication de ces objets remonte à la dynastie Yuan (1271-1369) et a connu son âge d’or sous la dynastie Ming (1369-1644) et sous celle des Tsing. Sous les Ming, les cloisonnés étaient collectionnés et offerts aux empereurs. Cette technique serait originaire de la péninsule arabique et aurait été importée en Chine au XIIIe siècle.
Très rapidement, les artisans se sont approprié le cloisonné et l’ont développé pour en faire un art typiquement chinois. Cependant, comme pour la majorité des arts traditionnels en Chine, le cloisonné déclina au début du XXe siècle. Il a fallu l’avènement de la Chine Nouvelle au milieu du XXe siècle pour que la production reprenne de plus belle. De nos jours, le pays compte des milliers d’artisans qui fabriquent des cloisonnés en respectant la technique traditionnelle pour produire des vases, des bols, des coffrets ou des plateaux. La science a même permis de perfectionner les colorants pour obtenir une meilleure graduation des tons. Certains cloisonnés atteignent des prix très élevés en fonction de leur date de fabrication et de leur taille. En effet, les plus gros cloisonnés nécessitent de nombreuses heures de travail.
Le cloisonné est un travail de patience
Malgré l’introduction de techniques de production industrielle venues d’Occident en Chine, les artisans de ce pays ont conservé la technique ancestrale pour fabriquer les cloisonnés. C’est la raison pour laquelle ces objets sont toujours aussi prisés en Chine et dans le reste du monde, que leur fabrication soit récente ou ancienne. En effet, ce qui est frappant avec les cloisonnés, c’est que le travail pour les fabriquer nécessite plus de patience que de talent, et plus de dextérité manuelle que de talent artistique. Les cloisonnés fascinent leurs propriétaires en raison de leurs couleurs riches et variées. Dès le XIVe siècle, la réputation des émaux de Pékin a dépassé les frontières de la Chine, et les cloisonnés commencèrent à être collectionnés en Asie et en Europe.
Si l’apparence des ateliers a changé au fil du temps, la technique de fabrication et certains de ses secrets sont restés inchangés. Seule l’utilisation de la pile électrique pour la dorure des objets après le dernier polissage a été empruntée aux Occidentaux. Contrairement à l’émail japonais, l’émail chinois n’est pas vitrifié afin de toujours conserver l’aspect de la porcelaine polie, même plusieurs siècles après la fabrication du cloisonné. Le cloisonné chinois se reconnait facilement, car il est composé d’un nombre impressionnant de cloisons, ce qui lui confère des décors riches, variés et uniques.
La fabrication du cloisonné chinois
Ce qui est étonnant, c’est que toutes les pièces sont fabriquées à la main, étape par étape. Par conséquent, chaque objet est unique. Les différentes étapes de fabrication sont les suivantes :
1ère étape: Cette étape consiste à travailler le cuivre, qui est la matière de base. Cette base nécessite d’être parfaite en terme d’uniformité, d’épaisseur et de poids afin de pouvoir passer à la deuxième étape. Ce travail important est assez long et requiert de nombreuses connaissances.
2ème étape: On pose alors dessus, avec une pincette, des fils ou des bandes de cuivre courbés : c’est le « cloisonnage » qui constitue les traits du dessin. Les bandes de cuivre sont d’une épaisseur et d’une largeur différentes selon l’objet à cloisonner. Il faut donc beaucoup de patience et d’habileté surtout quand on sait que, parfois, une centaine de bandes de cuivre sont nécessaires au dessin sur une surface de moins de 3 x 3cm. Les fils et bandes adhèrent au fond grâce à une colle réalisée à base de racines de plante chinoises. Ensuite, l’objet est chauffé à 1200 °C.
3ème étape: Ensuite, on verse au tamis un mélange de poudres d’argent, de cuivre et de borax sur le dessin avant de soumettre celui-ci à un petit feu. Une pâte d’émail de couleurs diverses est sertie entre les cloisons au moyen d’un outil. Comme tous les colorants n’ont pas le même point de fusion, plusieurs cuissons sont nécessaires et l’on doit appliquer plusieurs couches de colorants pour obtenir l’effet désiré.
2ème étape: Enfin, l’ouvrage est poli avec une pierre meulière et du charbon de bois. Le polissage amène l’arasement de l’émail et des cloisons. On plonge ensuite l’objet dans une solution d’or où passe un courant électrique. On obtient ainsi un ouvrage où l’éclat du métal ne cède en rien à celui de l’émail.
Cet artisanat nécessite de la précision, du sérieux et de la patience. Le respect des étapes et la qualité des matériaux sont extrêmement importants pour obtenir des objets parfaits et de toute beauté.