Pinceaux de Calligraphie
Le pinceau est inventé en Chine en 200 avant J-C, bien qu'on ai retrouvé des traces d'encre peint sur des poteries Yin datant de -1500 ans avant J-C. Le pinceau de calligraphie est encore utilisé de nos jours pour la peinture et la calligraphie chinoise. C'est un morceau de bois, ou un manche en pierres sur lequel sont fixés des poils d'animaux.
Calligraphie Chinoise
Les trésors du cabinet du lettré:
Les Chinois classent la calligraphie, également appelée « peinture lettrée », dans les « Beaux-Arts », au même titre que la musique ou la poésie. Les outils des calligraphes ont peu évolué depuis l’Antiquité. Cet art a atteint sa forme parfaite sous la dynastie Tang, puis les calligraphes se sont également fait connaitre pour leur maitrise de l’art du paysage sous les dynasties Song, Yuan et Qing. C’est Mi Fu (1051-1107), un célèbre calligraphe, peintre, professeur, poète, collectionneur d’objets d’art et expert, qui a décrit précisément les « Quatre Trésors du cabinet du lettré » en premier. Ces quatre trésors sont le pinceau, l’encre, l’encrier et le papier.
Le pinceau:
L’invention du pinceau n’est pas formellement datée, même si elle est souvent attribuée à Meng Tian au IIIe siècle av. J.-C. Cet instrument était un manche en bois auquel étaient attachés des poils de cerfs entourés de poils de laine de mouton. À partir de cette période, les fabricants de pinceaux ont fait évoluer la composition de cet outil pour répondre aux besoins de leurs clients. Pour obtenir des pinceaux durs et souples, les fabricants utilisaient des manches creux (en ivoire, en bambou ou en porcelaine) dans lesquels ils inséraient une grande variété de poils d’animaux. Les touffes de poils étaient composées de plusieurs couches concentriques fixées par des fils de soie. Elles s’ouvraient comme des éventails lorsqu’elles étaient appliquées sur la pierre à encre pour se remplir par capillarité. Puis elles se refermaient et conservaient l’encre entre leurs couches. Ainsi, il existait une proportionnalité entre la quantité de liquide déposée sur le papier et la pression exercée par le calligraphe. On dénombre une très grande variété de pinceaux depuis l’Antiquité, il en existe des très larges et des très fins.
Ces pinceaux sont classés en fonction de leur usage (peinture ou calligraphie) et portent des noms poétiques comme « Grand-Nuage-Blanc » (peinture de paysage) ou « Nervure-de-Feuille » (peinture des fleurs et des oiseaux). Afin de reconnaitre la fonction du pinceau, des inscriptions sont apposées sur les manches. On définit la qualité d’un pinceau en fonction des poils utilisés : queue de belette, de putois ou de martre, mais également poils de chèvre, de cerfs, de loups, de tigre, de porc, de rat, de renard ou de singe. Un calligraphe chinois nommé Su Dongpo (1036-1101) utilisait même des pinceaux en moustache de souris. Certains pinceaux étaient composés de plumes de paon, de canard ou d’oie, et il n’était pas rare que d’autres soient composés de mélanges de poils d’animaux. Afin de bien conserver cet outil, il était nécessaire de le rincer soigneusement, de l’égoutter à l’aide de godets à trous, de lisser les poils et de les faire sécher la tête en bas en les accrochant à un chevalet. Lorsque le pinceau était sec, il était rangé dans un plumier ou dans un pot en céramique ou en bois précieux. Pour conserver une pointe souple, ferme, ordonnée, pointue et ronde, les poils du milieu étaient enduits de cire.
L’encre:
L’invention de l’encre daterait du IIIe siècle av. J.-C. Avant cette invention, les Chinois utilisaient le cinabre (sulfure de mercure), une sorte d’encre rouge, pour leurs écrits. À travers le temps, il a existé plusieurs procédés de fabrication. L’encre de pierre (« shimo ») provenait de poudre de charbon issue de la suie de pin brûlé mélangée à de la colle animale. Plus tard, l’encre était obtenue par le mélange de la suie avec des huiles végétales (sésame, colza, abrasin ou aleurite). On y ajoutait du bornéol, du musc, des herbes et des épices. C’est sous la dynastie Song qu’apparurent les encres de différentes couleurs grâce à l’ajout de corne de rhinocéros, de jade ou de poudre de perle. Par la suite, ces colorants furent remplacés par des pigments naturels comme le plomb (blanc), le cinabre (rouge), l’indigo (bleu) ou la malachite (vert).
C’est de Huizou, dans la province de l’Anhui, que proviennent les bâtons d’encre les plus réputés de Chine. Ils étaient très prisés par les lettrés qui souhaitaient obtenir une encre d’excellente qualité en termes de fluidité, d’odeur et de sonorité lorsque le bâton d’encre frottait sur la pierre. Par conséquent, les bâtons d’encre de Huizou pouvaient atteindre des prix extrêmement élevés et étaient considérés comme des objets d’art précieux.
L’encrier:
On distingue deux types d’encriers :
– Les boîtes à encre destinées à accueillir de l’encre liquide. Elles étaient fabriquées dans divers matériaux comme le bois, le laiton, la pierre, le fer, le verre, la porcelaine ou la terre cuite. Certaines boîtes à encre étaient destinées au transport, elles possédaient un couvercle et étaient remplies de bourre de soie qui était imprégnée d’encre liquide.
– Les pierres à encre qui permettent de fabriquer de l’encre en y frottant un bâton d’encre solide. C’étaient des pierres plates dotées d’une cavité au niveau de leur partie supérieure. Cette cavité était appelée « le puits d’or ». La partie inférieure des pierres à encre comprenait un espace creux nommé « la mare » sur lequel était frotté le bâtonnet d’encre. Certains lettrés utilisaient d’autres matières comme des briques vernissées, des tuiles, des os plats, du bambou ou des coquilles d’huîtres à la place de la pierre. Les pierres les plus appréciées par les lettrés provenaient des provinces de Canton, du Henan, du Gansu, du Jiangxi et du Shandong.
Les pierres à encre étaient considérées comme le compagnon le plus fidèle parmi les Quatre Trésors, car elles ne s’usaient pas contrairement au pinceau ou à l’encre. Les lettrés leur attribuaient des surnoms, leur dédiaient des poèmes et louaient leurs qualités. Il existait un vocabulaire particulier pour décrire les pierres à encre qui pouvaient être « glissantes », « rapides », « lentes », « absorbantes » ou « fatiguées ». Certains encriers étaient jugés trop précieux pour être utilisés. Ainsi, ils étaient considérés comme des objets d’art ou de collection, et se voyaient octroyer des places de choix sur les tables de travail afin de mettre en valeur la culture et le goût des belles choses de son propriétaire. Les pierres à encre de collection étaient souvent conservées dans des coffrets ou dans des étuis de bois taillés. De nos jours, en Chine, les encriers sont toujours des cadeaux appréciés par les connaisseurs. Il est à noter qu’il existe des encriers en porcelaine, en argent, en fer, en grés et en laque depuis le Xe siècle.
Le papier:
Le papier joue un très grand rôle pour les lettrés, car il sert de support à leurs travaux. Dès l’Antiquité, il existait plusieurs types de papier fabriqués avec de la paille de riz, du bois de santal, de l’écorce de mûrier, du bambou ou du chanvre. Les caractéristiques du bon papier sont sa pureté, sa blancheur, sa résistance, sa texture fine, et il doit également bien vieillir. On recensait au XIXe siècle plus d’une cinquantaine de types de papier en Chine, dont celui fabriqué avec du coton (jinbanzhi), celui fabriqué avec du bambou (chazhi), celui fabriqué avec de la paille (caozhi), celui fabriqué avec du chanvre (ma) et celui fabriqué à partir de cocons de ver à soie (canjian).
C’est au IIe siècle que le papier a été inventé en Chine, dans la province de l’Anhui. Cette invention est attribuée à Cai Lun (61-121) qui était chef des eunuques et intendant général des ateliers du palais, ce qui lui permettait de réaliser de nombreuses expériences. Cai Lun a réussi à obtenir un papier non fibreux et peu absorbant en utilisant de l’écorce de chanvre ou de mûrier. Cette écorce était ramollie en étant immergée, bouillie, puis broyée pour obtenir une pâte. La pâte était tamisée dans une cuve et les pellicules ainsi obtenues séchaient à l’air libre afin d’obtenir des feuilles. Les feuilles de papier étaient destinées à l’administration et aux usages domestiques. Face à la demande croissante, la production de papier devint industrielle au fil du temps, grâce notamment à l’impression sur planches.
Les autres accessoires des lettrés:
Les calligraphes et les peintres possédaient d’autres objets, esthétiques ou pratiques, dans leurs cabinets :
– Les verseurs, également appelés « goutte à goutte », possédaient un bec afin d’humecter la pierre à encre. Ils pouvaient prendre la forme de personnages ou d’animaux et étaient fabriqués en céramique, en pierre tendre ou en jade.
– Les petits pots qui revêtaient des formes bulbeuses pour accueillir de l’eau.
– Les « appuis-bras » qui permettaient aux lettrés de reposer leurs poignets et leurs avant-bras.
– Les presse-papiers étaient en laiton, en bois ou en céramique. À l’origine, les lettrés utilisaient des galets pour maintenir le papier sur leur table de travail.
– Les palettes et les coupelles pour mélanger les pigments de peinture.
– Les pots à pinceaux en acajou, en bois de rose, en ivoire, en bambou, en céramique ou en jade. Ils étaient de forme cylindrique et comportaient des inscriptions.
– Les plumiers qui accueillaient les calames ou les pinceaux fins.
– Les paravents pour empêcher les papiers de s’éparpiller à cause du vent.
Selon la tradition chinoise, les conditions nécessaires pour avoir de bons pinceaux sont les suivantes :
Le SEI 斉: Il faut que lorsque l’on aplatit tous les poils, leurs extrémités sont alignées. Dans le cas des pinceaux en poils de chèvre, plus l’extrémité des poils est transparente, meilleure est la qualité du pinceau.
Le SEN 尖: Il faut que l'extrémité de la touffe du pinceau soit pointue.
Le KEN 健: Les poils du pinceau doivent être bien équilibrés et doivent répondre aux mouvements qui leur sont donnés.
Le EN 円: Chacune des parties du pinceau trempée dans l’eau ou dans l’encre, peut être tournée et retournée sans problème.