Direction Hoy An
Carnet de Voyage Asie / PUBLIÉ LE 23/08/2014 /
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Route sympa. Nous partons à huit heure du matin. Dans le bus, une grosse majorité de routards comme nous. Nous nous rapprochons de la chaleur et du soleil, ça se sent. On longe la mer (ça commençait à me manquer !) et on traverse des rizières toute vert fluo ,magnifiques. Les gens en chapeau de paille vont et viennent sur des buffles, travaillent courbés dans les parcelles. De temps en temps, on croise un cimetière militaire qui rappelle que nous approchons du fameux 17 ème parallèle qui représentait la ligne de partage entre le sud et le nord Vietnam. Ici, tout a été ravagé. Mais tout a été reconstruit, un peu à la va comme j'te pousse, mais on voit bien que les Vietnamiens ont décidé de cesser toutes querelles avec les gens du sud. Les villes ou les villages sont vraiment moches. Le béton est omniprésent, et des milliers de câbles électriques suspendus absolument partout dénaturent le paysage des campagnes. C'est quand même un grand foutoir, sale, des papiers partout, de la poussière. On a l'impression que ça ne gêne personne pour l'instant. La priorité est ailleurs : il faut faire du Commerce, avec un grand C. L'environnement : on verra après ! On trouve également en plein milieu des rizières des cimetières bien étranges, construits sur de petits promontoires. Un Vietnamien Hmong m'a expliqué que les paysans, quand ils relèvent la tête dans leurs champs de riz, voient de suite leurs ancêtres qui leur disent :
- Eh ! Mon gars ! Remets toi immédiatement au boulot ! Le Vietnam et le parti ont besoin de toi
Le long des plages, on mesure malheureusement les futures dispositions prises par les autorités. En effet, les Vietnamiens ne font pas dans la dentelle, bien qu'il soit très raffiné. Ils ont exproprié les habitants, les paysans et les pêcheurs. Ils ont tout rasé, ramené des milliers de tonnes de sable blanc et au milieu de ces immenses plages de sable qui s'étendent sur des centaines de kilomètres, ils ont construit la Costa Brava Bis. Ce n'est que succession d'hôtels pharaoniques. Des milliers de gens - et surtout des femmes- travaillent ici sans relâche. Des grues géantes, des camions toupies, des tentes-dortoirs pour les ouvriers. On voit bien que tout a été saccagé. Je voudrais bien revenir ici dans une quinzaine d'années, histoire de voir ce que cette côte est devenue. Il est donc vraiment temps de visiter le Vietnam avant qu'il ne soit complétement défiguré.
C'est bien pour toutes ces raisons que nous partons pour la ville d'Hoy An . C'est une authentique cité médiévale. On demande à voir ce qu'on entend par là !!!
Le bus nous laisse à trois bons kilomètres du centre historique de la ville et, à prime abord, j'ai pas encore vu beaucoup d'authenticité par ici. Autos ! Motos ! Klaxons !(On connaît). Nous décidons de partir à pied avec nos sacs sur le dos en quête d'une chambre d'hôtel. Et finalement nous trouvons la partie de la ville que les guides décrivent comme étant un havre de paix.
Hoy An : c'est super ! On dirait Luang Prabang ! (avec quelques « Autos! Motos ! Klaxons »! quand même!) La ville a été florissante au XVI et XVII èmes siècles. Ici abordaient les Japonais, les Portugais, les Indiens, les Hollandais et les Chinois. C'était à l'époque une ville ouverte; un comptoir marchand, un port de pêche et un haut lieu de la culture Vientnamo-Sino- Japonaise. L'activité a décru avec la création de nouvelles routes commerciales et la ville a été épargnée par les nombreuses guerres anciennes ou récentes Ainsi retrouve-t-on exactement l'ambiance de « Tintin et le Lotus bleu ». Des rues étroites, des maisons basses avec de jolis balcons en bois, des arbres aux couleurs délicates, des façades jaunes, des toits de vieilles tuiles plates comme dans le Midi de la France et … des lampions chinois par centaines accrochés un peu partout dans la vieille ville. Et le top du top : y'a même des rues piétonnes. Oui! Oui ! Oui! Vous avez bien lu ! Des rues piétonnes dans lesquelles tu flânes côté ombre tant il fait chaud. Mais vous aurez également deviné que le lieu est extrêmement touristique. Hoy An : c'est le Mont Saint Michel du Vietnam.
On utilise des tickets pour visiter la ville. Ils sont vendus par lots de cinq et permettent d'accéder aux différents sites remarquables de la ville.
Nous avons ainsi pu visiter une charmante maison d'origine chinoise, construite il y a huit générations et encore habitée ce jour par les descendants; Un autel élevé à la mémoire des ancêtres trône dans le hall d'entrée. Il est couvert d'offrandes diverses et de bâtons d'encens. Les noms des ancêtres sont conservés dans de jolies boites sculptées que l'on ouvre uniquement deux fois par an : pour la fête du Têt et pour le 11 novembre (mais n'y voyons là aucune relation avec la signature de l'armistice de la guerre 14 – 18 à Rotonde dans la forêt de Compiègne!) La charpente de la maison est unique: la première partie est japonaise et les arbalétriers qui soutiennent la toiture sont au nombre de cinq comme les cinq éléments : la Terre, le Feu, l'Eau, le Bois et le Métal. Trois flèches représentent les trois lignes de la main: celle de la vie, celle de la prospérité et celle de la longévité.
On nous invite à lancer dans un bol de porcelaine les pièces du Yin et du Yang avant de faire un vœu. Si les deux pièces tombent sur le côté pile ou le côté face, le vœu ne sera pas exaucé. Par contre, un côté pile et un face et c'est Bingo ! Car le Yin s'oppose au Yang donc l'harmonie du monde s'équilibre . ( Ça t'en bouche un coin, hein !)
Nous avons rencontré de nombreux artisans sculpteurs qui travaillent aussi bien le teck, l'acajou, l'ébène, la pierre … et même le bambou. Ils utilisent la racine pour représenter un drôle de personnage qu'ils assimilent au Dieu de la Longévité. Les radicelles sont volontairement laissées pour représenter la barbe ! Les gars travaillent à même le sol, assis sur un minuscule tabouret ; les pieds servant d'étau pour maintenir les pièces de bois. Les gestes sont précis. On devait travailler ainsi il y a cinq cents ans...
Les femmes brodent de grands tableaux qui, bien que demandant des mois de travail ne sont pas à mon goût. D'autres construisent des lampions de toutes les formes et de toutes les couleurs qu'elles accrochent ensuite dans la rue pour les exposer aux touristes. Tout ceci est vraiment splendide. Ajoutons les vendeurs de maïs grillés, de mini bigorneaux, de beignets, de sifflets et d'appeaux, de chapeaux chinois en paille de riz, d'avions en boites de conserve, d'encens,de lanternes, de foulards de soie... Allez ! Fermez les yeux ! Vous y êtes !
Dans la soirée, une jeune Viet joue du « 36 » avec deux baguettes de bambou. Un peu plus loin, une autre nous interprète une mélodie au 1 et là-bas résonne un 8. Le « 6 » n'existe pas, on l'appelle guitare! Le « 4 » non plus ; ici c'est un violon. En fait, les instruments à cordes portent le nom du nombre de cordes qu'ils comportent.
Le 36, c'est le Tam Tap Luck. Instrument génial qui ressemble à une cithare et qui donne une sonorité toute « vietnamienne ». Un coup de Tam Tap Luck ...et tu planes !
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Article publié le 23/08/2014 à 10h32
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