Hanoï La Fourmilière
Carnet de Voyage Asie / PUBLIÉ LE 19/05/2012 /
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Et ben mon copain ! Ici, c'est « spécial », inénarrable, indescriptible, surréaliste! D'ailleurs, j'ai décidé de joindre l'écrit à la parole: la description sera comme la ville. Elle sera « surréaliste ».Accroche toi, on est dans Hanoï-la-fourmilière!
Klaxon, motos, voitures. Nous voilà partis à la rencontre des amis d' Élodie qui tiennent une agence de voyage à un kilomètre de la « Violette ».
Klaxon, motos, voitures! Poissons, coquillages bigorneaux et crustacés. Pas de trottoirs, plus de trottoirs. Klaxon, motos, voitures. Pousse-pousse, sale, bruit, bruit bruit. Poussière, fumée, urine. On travaille à même le sol. On répare la moto, le camion, le lit, le cadre en bois, le frigo, la machine à coudre, l'enseigne lumineuse. Klaxon, motos, voitures. Le pire, c'est pour traverser. Sans rire, c'est plus facile de traverser la place de l'Étoile pour un aveugle à 6h00 du soir que faire ce qu'on a fait. Va traverser un périphérique plein de motos, de charrettes, de vélos, de trucs qui roulent en tout sens ! A droite, à gauche, derrière, devant... Klaxon, motos, voitures. Martine s'accroche à mon bras. Rock and Roll !Attention, on va tenter une traversée...
Technique : aller face au danger klaxonnant et roulant, mais en crabe. Montrer qu'on va laisser passer ce bus et ce taxi mais qu'on va passer devant les deux cents motos et qu'on va passer derrière le soixante quinzième vélo. Klaxon, motos, voitures ! Tous portent un casque-casquette. Ça téléphone en roulant, ça fume en roulant, ça mange en roulant, ça boit en roulant, ça discute en roulant, ça klaxonne évidemment en roulant. Le code de la route ? Quel code ? Pas besoin de code ! Le code ici, c'est le klaxon ! Si t'en as pas, tu roules pas .
Le plus incroyable : personne ne chute, personne ne glisse, personne ne se heurte.
Ici, tu apprends à faire du vélo avant de marché! Klaxon, motos, voitures.
Bouffe, bouffe , bouffe et rebouffe. Ananas, bananes, cacahuètes, popcorns, pitaches,soupes, riz, oeufs, poissons séchés,oeufs de poissons, fruits en tout genre, gâteaux, thé, café. Attention danger : voitures ici, motos par là, trou énorme dans le trottoir. Pas de trottoir, trottoir = parking à motos. Attention ! Klaxon, motos, voitures. Danger : chalumeau du plombier, tour d'alésage du serrurier, miniforge du réparateur de pot d'échappement, bouteilles d'essence, flaques d'urine, sale, sale, sale. Oh ! Un sourire! Sous le chapeau chinois. Sur l'épaule, le balancier avec les deux immenses paniers remplis de nourriture, ou de marteaux, ou de fleurs, ou de jouets, ou de papiers gras, ou de bouteilles vides, ou de boites de parfum, ou de pompes à eau ou de canards vivants. Klaxon, motos, voitures.
On arrive dans la rue des fringues. Ici, chaque rue est un souk. La rue des fringues, la rue des pots de peintures, la rue des peintres, la rue des cadres de peintures, la rue des poissons grillés, la rue des marteaux et des outils, la rue des offrandes, la rue des pneus de moto, la rue des stèles funéraires. Ah! La rue des fleurs! La rue des bottes, la rue des tennis, la rue des sandales, la rue des talons aiguilles. Une rue = un article. La rue des colliers, la rue des bagues, la rue des marchands de téléphone (ça, y'en a partout, presque autant que les motos).
Tu marches sur la route, les trottoirs sont impraticables. Regarde devant, regarde derrière, prends la photo...
« C'est quoi ce truc qui cuit ? Et lui! Qu'est-ce qu'il mange ? T'as vu la soupe de celui-là, elle bouge ...Et celui-ci avec sa Singer au beau milieu du trottoir! Et l'autre avec ses milliers de ballons de toutes les couleurs: il va s'envoler ! Et l'aveugle qui traverse! Miracle! Il est encore en vie!
Klaxon, motos, voitures. Klaxon, motos, voitures.
L'enfant qui naît ne dit pas : « Areu ! Areu! ». Non! Il dit : « Tut ! Tut! » ou Pouët ! Pouët ! » Question de vie ou de mort...Le hochet est remplacé ici par un klaxon !
Si on résume : bébé vietnamien apprend à dire « Tut! Tut! » sur une moto qui lui sert de landau ...
On rentre dans un marché couvert. Ici, c'est le royaume des grossistes. On marche sur des montagnes de vêtements, des tas de téléphones, de montres, des millions de jeans. De quoi habiller l'humanité pour l'éternité. Les transactions se font au sommet des montagnes … de jeans. On compte et on recompte des liasses de billets, téléphone rivé à l'oreille. Et du bruit, et des bousculades! Et des mémés qui te transbahutent sur le dos une armoire à glace, un frigo, trois cents mille chapeaux de paille, des sacs, des sacs, des monceaux de sacs bourrés de marchandises. Et ça gueule, et ça vacille, et ça titube, et ça joue de coudes. Ouf ! On ressort du marché!
Klaxon, motos, voitures. La corrida reprend ! Ne jamais perdre le code ! Éviter! Toujours éviter! Passer sa vie à éviter... pour aller là où on doit aller. Là où la fourmilière a besoin de toi.
Hanoï ? C'est : Klaxon, motos, voitures !Olé ! Klaxon, motos, voitures ! Olé!
(J'avais bien dit que je ferai dans le surréalisme! Allez! Je vais me prendre un petit aspro, me mettre du René Aubry dans les oreilles et regarder le mur blanc de la chambre, fixement, pendant une heure... Je sens que ça va me détendre !)
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Article publié le 19/05/2012 à 07h18
dans la catégorie « Carnet de Voyage Asie ».
Lucille :
« Le scooter est en difficulté sur la photo j'ai l'impression »
13/05/2012 16h01