La Baie d'Halong terrestre - Ninh Binh
Carnet de Voyage Asie / PUBLIÉ LE 11/08/2014 /
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On se dit que ce qu'on a vu est inégalable et qu'on ne pourra visiter plus beau. Aujourd'hui, une fois de plus, on surenchérit ! Ninh Binh ! Et sa fameuse Baie d'Halong terrestre.
En fin de journée, notre « bus » s'arrête au terminus de la ville. A peine descendus, Luong, un Vietnamien assez mièvre et au demeurant assez antipathique nous propose de passer une nuit dans son « Queen Mini Hôtel » répertorié dans le Routard à 9 dollars. Nous le suivons et prenons la chambre qui est vaste et correcte. Nous trouvons le « livre d'or » de l'hôtel et découvrons que les routards précédents ne jurent que par le site de Trang An, un endroit perdu dans les montagnes au nord de la ville. Luong nous propose de nous emmener demain matin moyennant la coquette somme de 600 000dongs. A peine je lui dis que je vais réfléchir, voilà le Luong qui change du tout au tout : antipathique, gueulard. On se dit qu'on a à faire à un drôle de gugusse; ce que confirment d'ailleurs les annotations inscrites dans le livre d'or. Nous partons en début de soirée faire un tour dans le bourg ! Ici, les gens ne parlent que le Vietnamien.
Par acquis de conscience, je demande à un taxi combien il prendrait pour nous véhiculer jusqu'au site de Trang An. Il m'annonce 250 000 dongs. J'essaie alors de lui faire comprendre que je suis d'accord sur ce prix (tu m'étonnes !) et qu'il doit nous prendre demain matin à 8h30 devant le Queen Mini Hôtel. Mais n'étant pas bien sûr qu'il ait compris, je cherche en vain quelqu'un pouvant servir d'interprète pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté. Les gens passent. « Do you speak English ? » Personne ne nous vient en aide. On se dit au bout d'une demi-heure que ça ne va pas être possible avec ce taxi qui n'a pas l'air de comprendre ce que j'attends de lui. Sur ces entrefaits, un jeune Viet s'arrête enfin et nous propose ses services. Lui parle un anglais tout à fait compréhensible. Il accepte de nous emmener demain matin à Trang An, faire un tour ensuite vers la pagode de Ban Long, une visite aux temples de Hoa Lù et au village de pêcheurs de Kenh Ga. Le tout pour 270 000 Dongs ! Tu parles qu'on accepte. On se tape dans la main : marché conclu ! Il nous demande juste que nous ne l'attendions pas devant le Queen Mini Hôtel, mais le long de l'avenue. Le Luong serait-il une « terreur » ?
Bref, le lendemain matin, après nous être encore une fois levés tôt, nous allons prendre un petit déj sur l'avenue en attendant notre chauffeur. La très gentille et souriante dame qui vend du pain et du café nous fait asseoir sur ses petites chaises en plastique bleu sur le trottoir. Deux mini baguettes ( héritage plutôt sympathique du passage de la colonisation française !) une omelette, deux cafés noirs (beûrk!) et elle nous annonce une note de 20 000 dongs.
Sur ce arrive un gugusse qui nous propose de partir à Trang An avec sa voiture. Le coût ? 350 000 dongs. Je lui dis que je suis d'accord pour 200 000 ! Le gugusse fait mine de repartir mais revient finalement à la charge. Je lui dis alors que j'ai déjà réservé un véhicule avec chauffeur et que je n'ai pas besoin de ses services. Alors le mec, pas gêné, m'annonce que le gars qui doit venir nous emmener n'a plus de voiture et lui a dit de prendre la relève... mais pour 350 000 au lieu de 270 000. Je sens que la moutarde me monte au nez. Restons « Zen! ». Le gars devient insistant. Je lui explique que je ne le crois pas. Et lui, toujours dans son anglais hésitant, m'annonce que ma voiture ne viendra pas et qu'il faut partir tout de suite avec lui sinon notre journée sera compromise. On lui fait comprendre qu'il faut qu'il nous lâche les baskets et que nous n'avons que faire de sa proposition. Finalement, le mec se tire et arrive … la voiture espérée. Le gars de la veille est bien là, accompagné d'un vieux à chapeau. Il nous annonce que ce n'est plus 270 000 dongs mais 300 000 ! Je lui passe un savon et lui rappelle que nous nous étions mis d'accord la veille sur 270 000. Il n'en démord pas. L'heure tourne. Et pour finir, nous montons dans sa voiture pourrie et partons, pour Trang An avec le vieux à chapeau. Si je vous ai saoulé avec cette histoire matinale, c'est pour vous rappeler que le marchandage, bien qu'il soit une institution , ça devient fa-ti-gant !
Il y a quelques années encore le site de Trang An n'était répertorié dans aucun guide. Tout le monde partait sur Trang Hoc, un autre site du même genre, donc très touristique. Nous arrivons dans les montagnes qui ressemblent étrangement à celles de la Baie d'Halong, mais sur terre ! Des lacs entourent certaines d'entre elles. Nous quittons la voiture pour prendre une barque équipée de longues rames qui se croisent. Un tout petit Vietnamien mais du genre costaud nous emmène alors pour une balade qu'on n'est pas prêt d'oublier. La barque en métal est assez petite mais le siège est confortable. Le rameur nous amène alors à force de bras vers un tunnel « naturel » qui passe sous la montagne. Ce dernier est vaguement éclairé. Nous baissons la tête par endroits pour ne pas nous cogner aux stalactites. 600 mètres de tunnel, une eau incroyablement pure et limpide, la fraîcheur, le gars qui rame dans la pénombre : elle est loin, la fourmilière motorisée ! Nous débouchons alors dans un nouveau lac dont les rives sont couvertes d'une végétation luxuriante. La lumière du soleil reflète de partout. Les montagnes -on dirait des bosses de chameaux- se succèdent à perte de vue. Des chants d'oiseaux, pas une larme de vent. On prend conscience également que le ciel est bleu et qu'il fait chaud. Quelle chance nous avons ! Les tunnels, les cavernes et les lacs se succèdent. Chaque sortie de l'antre d'une montagne débouche sur un paysage magique. Des chèvres sauvages qui broutent sur des pentes escarpées. Une espèce de martin-pêcheur d'un bleu intense qui attrape un poisson, des petits canards qui plongent à notre approche tels des cormorans ou des poules d'eau. Voilà l'Asie. Voilà l'Asie mystérieuse, éternelle, suave, délicate, zen … Le rameur se met de temps en temps à ramer avec ses pieds, sans doute pour reposer ses bras.
Nous nous arrêtons sur un îlot sur lequel a été érigé un petit temple (avec des bouddha en bois). Tout autour, des arbres ont été plantés ; au pied de chacun d'eux, une stèle porte le nom des grands chefs de guerre et des résistants héroïques qui se sont battus ici contre les Américains. (On ne nous dit pas qu'ici, dans ces fameux tunnels, ont été « encagés » des prisonniers GI qui restèrent pour certains d'entre eux plusieurs mois à croupir avec juste la tête hors de l'eau, dans le noir ? ) Nous revenons à notre point de départ après une superbe balade de plus de deux heures.
Notre chauffeur nous reprend et nous emmène à quelques pas de là à la pagode Ban Long. Mise à part le paysage de rizières et de montagnes qu'elle surplombe, elle ne présente que peu d'intérêt.
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Article publié le 11/08/2014 à 10h21
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