La Jonque de Babel
Carnet de Voyage Asie / PUBLIÉ LE 14/06/2012 /
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Le réveil chez Violette n'a pas été des plus glorieux ce matin : 6h00 !!! avec le mensuel mal de gorge qui ressemble à une angine. Médocs + médocs et c'est tout vaseux que nous prenons un taxi pour la « Bus Station » . Direction : Baie d'Halong !
Après quatre heures dans un bus assez « piteux » à slalomer entre les motos, les vélos et les autos, nous arrivons au port. Dès notre descente, un jeune nous interpelle et nous propose une sortie en mer sur deux jours avec nuit en mer, à bord d'une jonque. Le tout pour 90 dollars. Sans trop tergiverser, nous donnons notre accord et nous retrouvons , après une longue attente à bord de « Discovery ». Et des Discovery, dans la Baie d'Halong, y'en a toute une escadrille ! Ne vous attendez pas à trouver la jonque en teck avec les voiles papillons, chargée de fûts d'opium et d'alcool de riz.. La dernière, selon le guide du Routard a coulé fin 1999 dans la baie. Non! Ici on trouve de la jonque « Bénéteau », et uniquement celle-ci : deux ponts, dont un servant de toiture, une dizaine de chambres avec eau, électricité, salle de bains et WC, salle de restaurant et …. Karaoké disco quand tu montes à bord. Enfin, quand je parle de chambre, on est loin du Shangrila de Bangkok ! La nôtre fait bien quatre mètres carrés. De fait, le lit prend quasiment toute la place. Et on sait déjà que la nuit à bord ne va pas être facile: nous sommes juste à côté du groupe électrogène et la cuve de carburant située juste sous notre parquet est loin d'être étanche. Bon Dieu qu'ça pue ! Faudra pas fumer dans la carrée! Risque d'explosion assuré !Mais on ne va pas se plaindre, la laque rouge sombre qui recouvre les murs nous permet de croire l'espace d'un instant que nous partons sur une authentique jonque sur laquelle aurait pu naviguer Marco Polo.
Ici, toutes les langues se croisent et se mêlent; Certaines personnes qui montent en notre compagnie ne vont rester à bord que pour une journée et repartir le soir même. Australiens, Russes, Japonais, Américains, Chiliens, Argentins, Israéliens, Français, Allemands. Bienvenue dans la « Jonque de Babel » !
Le port d'Halong ? Et bien c'est un port, comme tous les autres ! Mise à part qu'ici, il n'y a pas autre chose que des jonques. Et des jonques , y'en a vraiment beaucoup. Le cul tourné vers le quai, prêtes à partir , elles font le plein de touristes en moins d'une heure. Les « palangs » (touristes en Vietnamien) débarquent par centaines des bus qui arrivent d'Hanoï et sont enfournés par paquet de vingt-cinq dans le bateau-hôtel. Et en route pour cette merveille baie.
Toutefois, nous ne quittons pas le quai « la fleur au fusil » car le brouillard bouche l'horizon. Ce serait vraiment trop bête d'être arrivés ici pour ne rien voir. La jonque glisse sur une eau limoneuse. On croise énormément de péniches qui transportent la houille extraite dans la région. Ce charbon, c'est l'énergie dont dépend le Vietnam. Les jonques se croisent dans un joli ballet. On devine bien les premières montagnes dans la brume et plus nous nous en approchons, plus nous prenons l'ampleur de ce qui nous attend. Et comme par magie, le brouillard se dissipe et nous nous retrouvons dans un autre univers. Tu vois les Aiguilles de Port Cotton à Belle Ile ?! Et ben dans la baie d'Halong, t'en a des milliers! Absolument incroyable. Des petites, des grosses, des rondes. Ave des falaises vertigineuses, des grottes.. Toutes sont laminées à la base par l'érosion marine. Ainsi, on dirait des cèpes plantés dans l'eau. Toutes ces montagnettes sont couvertes d'une végétation assez dense que se disputent des petites chèvres. Au-dessus planent des espèces de busards qui chassent les poissons. Tout semble figé. L'eau est absolument immobile. Qu'il est loin, le tumulte du Mékong !
Les jonques se croisent en glissant entre les îlots. Certains ont des formes bizarres. On pourrait déceler des poules entrain de picorer, un ours, un cochon. Y'en a même qui disent qu'une de ces îles est le profil craché de Mitterand. (Y'en a qui fument pas que du tabac, ici !)La brume qui n'est pas totalement dissipée ajoute au caractère énigmatique des lieux. Ça a le pouvoir de te « zénifier » davantage...Parfois, le soleil vient se montrer et offre de nouvelles lumières. Sur le pont, le « palang » mitraille à qui mieux-mieux. Toutes les photos seront forcément réussies tant le sujet est facile à maîtriser. C'est simple : tout est beau !
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Article publié le 14/06/2012 à 08h41
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