La tribu des Namdees
Carnet de Voyage Asie / PUBLIÉ LE 27/03/2012 /
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L'idée du siècle : « faire le tour de Luang Namtha en vélo! » En effet, idée géniale jusqu'au moment où tu te retrouves à 2 km du loueur de vélos et que tu abordes la première côte. Jusque là, ça va encore mais quand tu bifurques pour aller rencontrer la fameuse tribu des Namdees, là tu rigoles beaucoup moins. Ça grimpe et la route n'est plus le joli ruban goudronné de la ville. Ce sont des galets, des petits, et surtout des gros. Tout est relié : les cailloux au pneus, les pneus au cadre, le cadre à la selle et la selle à ton fessier. En un mot, l'horreur. Vous imaginez comment étaient nos arrières-trains après trente kilomètres de « tôle ondulée » ! De la compote! Tu vois les singes du zoo de Vincennes ? Ceux qu'ont les fesses roses et protubérantes à l'excès ? Et bien c'est nous ! Là, on a vraiment souffert et on mettra certainement plusieurs jours à nous en remettre. Déjà qu'on avait passé la nuit sur un matelas spécial béton armé avec les ressorts qui te destroyent le dos... mais tels les héros du tour de France, respectueux de la lutte contre le dopage, nous n'avons pas faibli et avons enchaîné dans la même journée le Tourmalet, le Ventoux, l'Aubisque et les pavés de Paris Roubaix. Je crois que mes os ont encore la marque de la selle . Comme disait Coluche : « Faut être con pour faire du vélo ! La preuve ? C'est toujours les Belges qui gagnent ! »
Mais revenons à l'épreuve du jour. Nous sommes passés par des villages construits le long du chemin. Toutes les maisons sont construites sur le même modèle. Des pilotis permettant d'obtenir un rez-de-chaussée ouvert à tous vents. Au dessus, un étage. Les murs sont en feuilles de palmiers, les planchers en bois de teck et en bambou, le toit est fait de feuilles de roseaux tressées. Les habitations font tout au plus six mètres carrés. Les gens vivent dehors. La tribu des Namdees est sans doute la plus pauvre de toutes celles que nous avons vues. Les petits cochons noirs se promènent en liberté, les veaux aussi. On aperçoit un buffle de temps en temps planqué dans une bauge. Les chiens pouilleux se ressemblent tous. Ils sont moches comme tout. On ne leur donne rien à manger : chacun doit se débrouiller. Ainsi servent-ils de poubelles. Quand ils sont un peu plus gras , ils passent à la casserole. C'est très bon avec des petits légumes, du riz et une bonne sauce... Sinon, les poules, les coqs, les poussins, les canards, les dindons, les chats et quelques papillons complètent le tableau. Au milieu de toute cette ménagerie circulent les motos. Ils roulent à un, deux , trois, quatre , le record appartenant à la famille Duraton avec six personnes. Le petit sur le guidon, la mère derrière avec le bébé dans le dos, la grandette au milieu, l'ainé et le père derrière qui conduit. Pas de casque, pas de gants : tout le monde pieds nus ou en Tongs .Tout cela soulève une poussière que vous imaginerez sans peine. Les motos croisent de temps en temps des petits camions qui peinent à gravir les côtes. On ajoutera les tracteurs. Enfin, c'est pas des tracteurs. Ce sont des espèces de tondeuses à gazon avec le moteur devant et un long guidon. Les gens se cramponnent dans une sorte de « garichelle » (une remorque, me souffle Martine pour les non Bellilois). Ça fait un bruit d'enfer et une fumée... Vous vous douterez bien qu'ici, y'a pas de permis, pas d'assurance, pas de contrôle technique. Et comme y'a pas un flic : c'est la foire!
Dans le premier village, nous avons rencontré des jeunes en train de construire une maison. Je me suis approché et j'ai pris quelques photos. Les enfants se sont approchés à leur tour et je leur ai montré mes clichés. Ça les a fait rire. Alors j'ai sorti mon ordinateur et je leur ai montré des photos de Belle Ile. Aucun n'avait jamais vu la mer ni un bateau. Si un jour on m'avait dit que je ferais découvrir la Belle Iloise aux Namdee de Luang Namtha … Tout le monde s'est arrêté de bosser. Les filles ont arrêté de tresser les feuilles pour faire le toit; une vieille dame m'a proposé sa pipe en argent, les garçons sont restés debout derrière moi, les petits assis en tailleur, les bébés dans les bras, les chiens plein de puces qui viennent te faire des léchouilles et je leur ai montré Mon pays. Les commentaires allaient bon train..
Nous sommes ensuite repartis visiter les Waterfalls. Pas de quoi s'étendre... Au retour re-stop chez les Namdees. Tous les enfants sont revenus à nos côtés et je leur ai proposé un cours d'origami (pliage du papier). Je ne pense pas qu'il y ait une école ici. Alors pour trouver du papier... Ils m'ont proposé du « bamboo paper » qu'ils font eux-mêmes mais c'était trop mou ! Finalement, Martine a déchiré une page de son carnet et j'ai pu leur faire des « cocottes en papier qui battent des ailes quand on leur tire la queue ». Trop fort !
On est reparti pour visiter les Tongdees. Belles maisons spacieuses en bois de teck, une grande cour en terre battue,et toujours la même poussière et la même ménagerie pour colorer l'ensemble. Ils semblent être bien plus riches que les Namdees et bien plus « cleans ». On s'est arrêté dans un petit marché semi couvert, histoire de manger deux tomates et un jus d'orange et on s'est fait proprement arnaquer... mais on s'en fout ! (à suivre)
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Article publié le 27/03/2012 à 08h49
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