On a décidé de changer d'hôtel car il y avait des travaux dans le nôtre. C'était trop bruyant … On a déménagé pour le Baan Boua Guest House. Super petit bungalow donnant sur un jardin au calme, bon accueil, chambre clean... On est ensuite parti pour Chang Saen, soi-disant village typique à 60 km de Chiang Raï. Ça n'a rien de « typique » et il ne faut pas s'attendre en débarquant ici qu'on va retrouver les petites ruelles sympa de Pezenas ou Sarlat.

Non ! Ce qu'il y a de typique, c'est les grillons et les larves de … je sais pas. Et bien figurez vous que je me suis laissé tenter. « Et c'est pour qui le gri gri , et c'est pour qui le grillon , et  c'est pour qui pour qui le grillon frit ? C'est pour Bibi ! »

 

 

J'ai préparé ma bouteille d'eau, un espace suffisamment grand autour de moi en cas de régurgitation incontrôlée et... Martine a saisi le moment où je croque dans le grillon avec l'appareil photo. Arrêtons nos préjugés ! Arrêtons ! Le grillon frit, c'est délicieux. Ça a la consistance du pain grillé : croquant autour et mou dedans. Ce que j'ai préféré  c'est le petit goût sucré de la carapace du grillon : croustillant à souhait! Je te l'ai croqué, mâché, avalé. Même pas recraché! Comme j'avais encore un petit creux, je me suis laissé tenter par une larve grosse comme un frelon bien dodu. Elle avait l'air appétissante et comme la vendeuse me l'a offerte … Un cadeau, ça ne se refuse pas. Et bien là, j'ai eu tort d'accepter.

 

 

Bon, c'est pas des endives au jambon (ceux qui me connaissent savent ce que je pense des endives au jambon) mais ça pourrait y ressembler. La tête - ou la queue car j'ai pas trop fait attention - a un goût un peu sucré qui passe bien  mais c'est le jus jaune qui sort de l'abdomen...  Je pense qu'elle était trop fraîche, ou peut-être pas assez. C'est qu'on devient vite spécialiste de la question. Comme je n'avais plus faim, j'ai refusé la blatte grande comme … je sais pas moi, grande comme la moitié d'une main ! J'avais surtout peur de ne pas savoir la déguster proprement. J'aurais pu en mettre partout et peut-être manger une partie que tout le monde trouve dégueu ici ! Et comme j'ai pas voulu vexer la vendeuse, surnommée la « Joëlle Rebuchon Locale », je me suis abstenu. Bref, j'ai acheté des mini mini clémentines  en guise de dessert.

Repu ! Un grillon, une larve, trois mini clémentines : que demander de plus ?!

Comme on ne savait pas trop quoi faire, on est parti en taxi pour le Triangle d'Or, carrefour entre la Birmanie, le Laos et la Thaïlande. On y voit donc un énorme Bouddha  tout recouvert d'or et installé sur une immense jonque en inox argenté tirée par des éléphants. En face le Laos, au nord le Mianmar (ou la Birmanie si vous préférez) et entre les trois pays : la rivière Suak (je crois) qui débouche dans le Mékong un peu plus loin. Ça casse pas trois pattes à un canard. Ce qui était vraiment sympa, ce fut le jus d'orange frais, pressé devant toi pour 20 Baths qu'on s'est enfilé en roucoulant de bonheur! (20 Baths : ça doit faire 0,40 € !!!)

Je vous écris depuis le début de ce reportage à l'avant du bus – très bruyant- qui nous ramène à Chiang Raï. On a fait Triangle d'Or - Chang Saen en stop ! On s'est retrouvé à l'arrière d'un pick-up qui roulait à toute allure. Ça a tout décoiffé Martine qui en rit encore. Qu'est-ce que je ne lui fais pas faire ?!!!

Il fait vraiment chaud dans le bus. La route est nickel, large, bien goudronnée et le chauffeur klaxonne tous les 20 mètres … et on a 60 km à faire! Sur le bord de la chaussée, on trouve des petits vendeurs d'ananas. La police nous a arrêtés. Ils ont fouillé trois femmes... peut-être des passeuses d'opium ?

Je crois que je vais me mettre un peu de musique dans les oreilles...

Et je rêve que le grillon et la larve, réveillés par le jus d'orange , décident de se frayer un chemin pour sortir, entraînant du coup tout ce que j'ai pu ingurgiter depuis une semaine. Si tel n'était pas le cas, demain je bois directement l'eau du klong (un peu comme Dino Risi dans « Affreux Sale et Méchant » pour qui a vu ce chef-d'œuvre du cinéma italien !!!)

De retour à Chiang Raï, on s'est dit qu'on allait acheter des fleurs et aller les offrir à la patronne du magasin de motos. Car nous autres, les Français, on sait peut-être pas bouffer des blattes grosses comme la moitié d'une main  … mais on sait  être poli et remercier les gens qui vous rendent service !

J'ai donc acheté un bouquet de roses et nous avons cherché en vain le magasin de motos : quand nous sommes arrivés dans la soirée, il était fermé !

On est rentré à l'hôtel avec le bouquet !