Le marché de nuit de Luang Prabang s'installe à partir de 16h00- 16h30 sur une des plus grandes artères de la ville. Les camelots investissent d'abord les trottoirs, puis la chaussée. Un câble électrique aux connexions plus que douteuses dessert de l'électricité pour chaque échoppe. Les femmes disposent sur des tapis leurs marchandises. On y trouve beaucoup d'articles en tissu : robes de soie, pantalons, petites trousses de voyage, parures de lit... On marchande des articles en bois, des pipes à opium, des marionnettes à fil, des jeux d'échecs, des porte-clés. Un joli bazar ! Les femmes sont assises derrière leur étalage. Nombreuses sont celles qui donnent le sein au petit dernier, d'autres dorment recroquevillées, mais toutes mangent. Chez nous : on fait des Sudokus. Ici : on mange! Et c'est pas pour autant qu'elles sont grosses, les Laotiennes ! Elles sont d'ailleurs toutes plutôt petites et menues.

 

 

Ça marchande sec : il ne faut pas hésiter à diviser les prix par deux. Si elle baisse son prix, il faut la laisser venir et ne surtout pas démordre de notre première proposition. Ça fait partie du jeu (si c'en est un !) Petit à petit, et après maintes tergiversations à coups de machine à calculer, de sourires bienveillants et dans un langage qui ne ressemble à rien, tout le monde arrive à un accord. Mais une fois que la transaction est faite, on range les sourires. C'est juste « Sabadee ! Et maintenant casse toi!  Client suivant ? »

 

 

 

C'est ce dernier soir que nous avons trouvé une petite rue adjacente noire de monde et noire tout court ! Ici, pas de souvenirs, pas d'articles chinois revendus à l'emporte-pièce. Ici, on vend de la bouffe, que de la bouffe, rien que de la bouffe. Ça c'est du marché, ma brave dame ! Des centaines d'échoppes, toutes identiques! Hygiène d'un autre temps !Une table bien grasse et bien collante, un petit banc... qui ressemble à la table.

 

 

Les brochettes en bambous piquées de bout de poulet (tous les morceaux sont bons à vendre), de cochons (tous les morceaux sont bons à vendre aussi !) Sur la même brochette : de la viande , en quantité limitée, du gras, beaucoup, de la peau, du foie, du cœur, du gésier, de l'os, du cartilage, du poumon, des drôles de trucs qu'on imagine même pas que ça puisse venir d'un animal... des yeux , peut-être?... Bref ! Tu te saisis de ta brochette ruisselante de gras qui coule dans la feuille de bananier en guise d'assiette et tu ingurgites sans trop savoir ce que tu avales. Ici, on grille tout ! Le poisson, la viande, les fruits, les œufs, les légumes, les saucisses de … je sais pas! Pour 10 000 Kips, tu peux remplir ton assiette de légumes variés, de riz, de nems, de trucs en sauce...

 

« Attention : c'est du piment!

-Non!

« C'est pas de la noix de coco, c'est des nouilles!

-Oh ! Ça , ça pue !

-Et ça! Qu'est-ce que c'est ?

-Good! Good! Mister! No spicy!

-Ah! Si c'est « no spicy », on va se laisser tenter!... Et ben ! J'aurais pas dû !

-Et ça! Le truc vert et noir avec des espèces de champignons, t'as goûté! T'as vu ? On dirait du rat !

-Non! Non! C'est du chien !

-Vous n'auriez pas un ou deux grillons, pour changer! »

 

Y'a du soja, des aubergines de mille couleurs, des micro tomates, de la salade, des herbes, des monceaux d'ail et d'oignons hachés, des tripes, des bouts de poisson, du café, du thé en sachet, du raisin, des piments, des oranges, des crêpes, des œufs bouillis, grillés au barbecue, crus... Soupe de nouilles !Soupe de vermicelles ! Soupe à tout ce que tu veux.

 

Tu t'assieds avec les autres affamés sur le coin d'un banc, et d'un revers de manche tu nettoies ton bout de nappe avant de poser ton assiette en feuille de banane. Tant pis pour la turista, le choléra , le palu, la H1N1, l'appendicite ou la grippe aviaire: tu mâches, tu croques, tu craches ou tu avales. T'en a plein les doigts ! Il fait nuit ! Il fait chaud ! Une ampoule de 25 watts éclaire cent personnes. Et ça gesticule, et ça se heurte et ça rigole !

 

Et le touc-touc qui veut passer dans la fourmilière: impossible? Non ! Bien sûr! Patronne ? Une bière! Patronne ! Un café … pas trop noir ! Sinon je le garderai pour le mettre dans mon encrier ! Je vous dois combien ? 10 000 kips ! Tout est à 10 000 Kips.

 

Une banane pour finir ! C'est bien la seule chose qui soit enveloppée!

 

… Et tous les marchés sont ainsi !

 

Bonne nuit everybody ! Demain, nous partons pour un voyage en Chine