Les Bouddha des Paku Cave
Carnet de Voyage Asie / PUBLIÉ LE 13/05/2012 /
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Le réveil a eu lieu très très tôt ce matin . En effet, à 4h30 roulement de tambour dans la rue : défilé de bonzes. Pourquoi à cette heure si matinale et non pas à 6h30 comme d'habitude ? Nul n'a su nous donner la réponse. La procession devait être conséquente car le tambour employé était bien sonore. On se lève ? On se lève pas ? Bref ! On est resté dans la chambre. On se rendort... et à 6h30, voilà que ça recommence mais avec un plus petit tambour cette fois. Comme nous avions décidé de ne pas assister à la procession aujourd'hui mais demain, on a subi le tambour mais sans voir le défilé. Nous nous sommes finalement levés à 7h00 car nous avions décidé ce matin de partir visiter les « Paku Cave », grottes situées en amont de Luang Prabang à plus d'une heure trente en bateau. Après une interminable attente, nous grimpons avec six autres touristes dans un petit bateau en bois, long et effilé qui remonte le fleuve en frôlant les rives ; ceci afin d'éviter le fort courant qui nous fait face. Les Laotiens ont vraiment des efforts à fournir en ce qui concerne le confort de nos séants européens. Le petit banc en bois qui ne permet pas d'étendre les jambes vire au supplice au bout de quelques minutes. Après deux heures de remontées du Mékong, nous arrivons enfin devant les fameuses grottes de Paku. Un roi y aurait séjourné aux premières heures de la naissance du Bouddhisme et y aurait déposé une statue de Bouddha. Faut l'faire, car la grotte est située au beau milieu d'une falaise, bien abrupte. Faut vraiment avoir l'esprit tordu d'aller déposer une statue de Bouddha dans un endroit pareil. Bref ! Ça a donné des idées à tous les gens qui se sont succédés dans la grotte tant et si bien que quelques siècles après, des Bouddhas : y'en a tout un musée. Plusieurs milliers. Des petits, des gros, des minuscules, en métal, en pierre, en or, en plastique, en verre. Des bouddhas du XVIII ème siècle jusqu'à nos jours. Ceux d'avant ont été dérobés, d'après ce que j'ai compris. De ce fait, la grotte est devenue un lieu de pèlerinage pour les Bouddhistes du monde entier. Au détour de l'escalier qui mène à « la collection de Bouddhas » tu croises des Chinois, des Hindous, des Japonais, des Laotiens... et des centaines de touristes. Bon ! Ça casse pas trois pattes à un canard, d'autant plus que ce n'est pas très bien éclairé (à part quelques bougies). C'est sale, le ménage n'a jamais dû être fait et y'a plein de fumée d'encens car tout ce petit monde vient ici pour se recueillir. Les statues sont, pour la plupart, toutes crasseuses et délabrées.
Mais bon ! Je pense avoir réalisé de jolies photos. Je me suis mis en retrait d'une Japonaise qui était en pleine prière face à un Bouddha tout laqué en rouge. Elle n'arrêtait pas de parler, les mains jointes , les yeux fermés. Il m'a semblé que cette brave dame avait beaucoup de choses à demander à Pépère. Retirons nous sans bruit. Sortons et allons prendre l'air. Dans quelques minutes notre bateau qui nous attend au pied de la falaise repartira. Il est temps de se dégourdir les jambes avant de revivre le supplice de l'aller. L'escalier qui mène vers un restaurant est bien raide. Un restaurant ? Ben oui! Qui dit caverne à Bouddha, dit pèlerinage. Et qui dit pèlerinage dit restaurant pour sustenter le pèlerin. Pour y accéder on emprunte donc un escalier. Sur chaque marche un enfant cherche à te vendre un truc incroyable : un petit oiseau vivant encagé. L'oiseau doit faire la taille d'un moineau, sa cage en osier tressé ajouré ressemble à un bol.
« Tu me donnes un dollar et tu relâches l'oiseau ! »
Ça m'a mis en colère. Des centaines d'enfants qui se trimballent un pauvre petit piaf de rien du tout dans une cage qu'ils heurtent sans arrêt, qu'ils font tomber, qu'ils lancent comme si c'était un ballon...Et les mères derrière encore plus en guenilles qui te supplient d'ouvrir la cage au petit oiseau, regardez le s'envoler c'est beau. Et ben NON ! C'est pas beau ! Parce que la Japonaise que j'avais vue dans la grotte en train de prier Bouddha a dû se sentir divinement obligée de donner un dollar à un gamin pour ouvrir une cage. Le problème, c'est que le petit oiseau est tellement sonné qu'il ne peut pas s'envoler. Alors, le gamin le prend, le lance. Le paf s'écrase. Il le reprend, le relance … tant pis !
« Eh! Madame la Japonaise qui prie Bouddha ! Y'a ton bateau qui t'attend ! »
Alors elle s'en va... et bien sûr le gamin recolle le piaf dans sa cage et le petit jeu recommence avec un nouvel adorateur de Bouddha ou un touriste quelconque.
On est reparti sur notre bateau. J'étais triste.
On s'est dit qu'on allait se refaire le moral en accostant chez les bouilleurs de cru.
Un petit village situé en bordure du fleuve, des enfants tout souriants et tout nus qui se baignent dans l'eau boueuse du Mékong : bienvenu chez les fabricants de Loaloa, le fameux whisky laotien qui détruit certainement plus qu'il ne requinque. Là aussi : déception !(On est loin de chez Gégé au Gorvello !) Le whisky est présenté dans des petites bouteilles contenant soit un lézard, soit un scorpion gigantesque, soit un serpent d'eau soit même un petit cobra que les Laotiens dénichent dans la jungle alentour.
En début d'après-midi, on a décidé d'aller nous consoler vers les Waterfalls (les cascades en English) de Xuong Xi, situées à une trentaine de kilomètres au sud de Luang Prabang. On est parti en minibus avec une dizaine d'autres touristes. La route était bien sympa, surtout sous ce beau soleil qui nous faisait défaut depuis deux jours. On a eu l'impression en roulant qu'on était en plein Périgord. De l'ombre, de la fraîcheur due aux arbres. Des forêts de tecks que les laotiens replantent à perte de vue après avoir vu leurs forêts dévastées par Ikéa et Cuisine Plus. Ceux-là pousseront pendant vingt ans, voire trente, puis seront abattus avant qu'une nouvelle plantation ne voie le jour. Quelques parcelles d'un vert fluo contrastent avec les rizières en friche. Des papayers portant des dizaines de gros fruits jouent des coudes avec les palmiers et les bambous géants. C'est bien ce que je dis : ça a tout du Périgord !
On est arrivé au pied d'une montagne couverte d'une jungle luxuriante. Le petit sentier te mène d'abord près d'un parc où des ours asiates s'ébattent derrière des barbelés. (No comment !). Puis le sentier file dans la forêt ; et après avoir franchi quelques petits ponts de bois tu te retrouves devant une vision grandeur nature de ce que doit être le Paradis. Des chutes d'eau, des lianes, des orchidées, des papillons énormes et une eau qui scintille dans le soleil qui traverse la canopée. Une eau douce, légèrement tiède, claire par certains endroits, limoneuses dans les cascades.
Le maillot de bain !Tu te mouilles les pieds, puis les mollets. Tu t'assieds dans la chute : c'est frais. Tu t'allonges. Tu te mets sur le dos. C'est froid … mais le massage que ça procure est divin. Et enfin, tu piques résolument une tête et te voilà au pays de Tahiti Douche. Le rêve : y'avait longtemps qu'on avait pas eu cette sensation de « nature verte ». Après avoir barboté ainsi pendant une bonne demi-heure, tu ressors avec une peau de bébé et surtout : tu te sens propre !
Ah oui! Les Waterfalls de Xuong Xi : c'était trop bien !
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Article publié le 13/05/2012 à 15h41
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