Voyage en Bus - Hué
Carnet de Voyage Asie / PUBLIÉ LE 23/08/2014 /
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Les couchettes du bus ont été conçues pour des « Vietnam-nains ». Elles sont exiguës, c'est le moins qu'on puisse dire! Les pieds entrent dans une espèce de caisson, mais faut pas chausser du 38, sinon t'es obligé de dormir avec les pieds en canard. Alors moi avec mon 43 fillette.... La « couche » est tellement mal foutue que t'as la tête qui tombe dans le vide, juste au-dessus des WC en ce qui me concerne. Je vous raconte pas l'odeur, j'ai juste cru toute la nuit avoir dormi dans les anciennes vespasiennes qu'on trouvait dans Paris dans les années 60. Sous moi : le moteur, un bon gros diesel bien sonore. Ajoutons les trépidations incessantes liées aux ornières , fort nombreuses, et le concert klaxophonique incessant.
Attends ! C'est pas fini ! Durant un moment de somnolence, voilà ti pas que je m'imagine endormi dans mon cercueil, les pieds complètement écrasés.
« Ils ont dû sans doute basculer le cercueil pour le mettre dans la fosse, le corps a dû glisser et maintenant, j'ai des courbatures dans les chevilles. Bon Dieu ! Ils m'ont foutu dans la boite encore vivant ! Au secours! » Je sursaute! Ouf! Ce n'était qu'un cauchemar. Impossible de laisser les pieds dans le cercueil, ça me stresse et j'ai l'impression de faire de la spéléologie tout en étant claustrophobe. Je les mets où , mes pieds ? Je sais pas ! Et voilà le car qui s'arrête : 2h00 du matin. La lumière aveuglante des néons m'empêchent de « dormir ». Je me tourne et me retourne et je trouve finalement la solution en mettant mon T-Shirt sur ma figure. J'étouffe, d'accord ! Mais j'ai moins de lumière dans la tronche ! Il me vient alors une idée : Entrer en télépathie avec le chauffeur pour lui commander d'éteindre cette *gefjhghjggvj de lumière. A peine je rentre en contact avec lui : la lumière s'éteint !
*(injure yougoslave intraduisible)
Ça, pour le coup, ça m'a vraiment empêché de dormir tellement j'ai été surpris.
Et pour finir, Mesdames, Messieurs, pour finir avec les bruits, les odeurs, les lumières et les soubresauts de la route : (roulements de tambour !) : et pour finir … : une rage de dents ! Eh oui, Mesdames et Messieurs, la direction ne reculant devant aucun sacrifice, j'ai donc droit à ma cerise sur le gâteau.
Je vous dis pas combien ça fait du bien de prendre une douche puis un petit breakfast à la terrasse de notre hôtel de Hué. Si c'est pas mérité, ça, ma brave dame !
Quant à la rage de dents, c'est Martine qui s'en est chargée. Elle m'a remis un morceau d'amalgame sur la dent avec la petite spatule de dentiste, après s'être lavé les mains au gel antibactérien. Moi, allongé sur le lit, tenant la lampe de poche sans pile qu'on remonte à la manivelle pour éclairer la dentiste. Martine, à califourchon sur son patient, la truelle dans la main et le pot d'amalgame posé sur mon torse … tout ceci avait vraiment un côté surréaliste. Dommage qu'on ne nous ait pas pris en photo !
(Vous ne voyagez pas avec votre pot d'amalgame et votre truelle de dentiste ? Vous avez tort !)
Pas grand chose à raconter de cette journée à Hué. On a surtout rechargé les batteries dans un petit hôtel sympa situé dans une impasse où les motos circulent peu. Juste
2 000 par heure. Mon sac à dos étant percé, je risquais de perdre mon appareil photo ou mes jumelles. J'ai pris la cruelle décision de m'en séparer. Nous sommes partis à travers la ville : direction l'incontournable marché. On pourrait croire que le dimanche à Hué est un jour de repos, alors je vous réponds tout de go, le Vietnamien ne sait pas ce qu'est un jour de repos, il ne sait même pas ce que veut dire le mot repos. Le marché est super bordélique, comme tous les marchés d'ailleurs,... mais c'est comme ça qu'on les aime. On trouve toujours des vendeurs que nous n'avions pas vus auparavant. Des vieilles, mais très vieilles Vietnamiennes vendent du tabac au poids. Toute ridée, les cheveux longs hirsutes sous le chapeau chinois en paille, elle te fait un sourire que tu te dis que si elle me fait une syncope ou un coup de moins biens sur le trottoir, ça m'étonnerait que je lui fasse du bouche à bouche ! Les pompiers auraient deux morts à relever ! Ce n'est pas le fait qu'elle n'ait plus de dents, c'est qu'elles les ont remplacées par des morceaux de trucs marrons qui dégoulinent. On dirait du sang coagulé. C'est sans doute pour cette raison que le Vietnamien à inventé la nouille : y'a pas besoin de la mâcher ! Difficile de les prendre en photos, elles se retournent ou mettent la main devant leur visage. Elles ont peut-être peur que leur âme ne parte dans mon appareil. Si c'était le cas, elles n'auraient pas une bonne réincarnation... et moi, je veux pas d'histoire avec le bureau des réincarnations.
Bref ! On a déambulé toute la matinée dans les minuscules travées du marché, toujours aussi encombrées, pour arriver dans le quartier des sacs à dos. Une vieille mémé (édentée évidemment) me propose un sac à 370 000 dongs. Je ne lui réponds même pas, et tourne les talons. Quand on annonce un prix aussi exorbitant (13 € quand même) tu te dis qu'elle a pas envie de te le vendre, le sac à dos 30 litres,trois poches, bandoulière réglable, plein de petits rangements en sus, le tout imperméable … et joli ! Je m'en vais. Elle m'interpelle :
« Dis moi un prix !
- Je veux pas discuter. Ça va pas l'faire !
- Si ! Si! Donne moi un prix !
- Euh ! 70 000 dongs (soit 2, 70 € ! J'ai bien entendu dit ça sur le ton de la rigolade.)
Sur ce , je repars dans ma travée. Elle arrive derrière moi avec le sac à la main.
- Ok ! Ok ! 70 000 dongs »
Et c'est ainsi que René, mon nouveau sac est entré dans ma vie. J'ai vidé toutes les affaires qu'il y avait dans le vieux troué et je l'ai même laissé à la vieille édentée en écrasant une larme. C'est que je l'aimais bien Maurice. Mais je me suis dit qu'il allait connaître ici une seconde vie. Il allait certainement être réparé et repartir sur le dos de quelqu'un. Alors j'ai continué dans le marché avec le sourire et mon nouveau pote René dans le dos. Souhaitons longue vie à mon nouveau compagnon et ayons une pensée émue pour Maurice... mais pour ce prix, je crois que la vie de René sera relativement courte !
On a aussi trouvé nos bonbons favoris : ceux qui sont à la menthe dehors et au chocolat dedans... et un petit jus d'orange frais pour nous remettre de nos émotions. Martine a enfin trouvé ses fameuses boites en bois de cannelle.
Voilà ! A Hué, on a fait le marché. On a voulu aller faire un tour du côté de la cité impériale mais c'était fermé quand nous sommes arrivés. Demain, on se fait un petit plaisir en bus de quatre heures : direction Hoy An.
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Article publié le 23/08/2014 à 10h19
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